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- 32 - Festival d'Annecy 2022 : Trop long ou trop court 2e partie
Un début de journée "documenté" Après une courte nuit départ pour Bonlieu. La météo annoncée assez orageuse la semaine dernière a laissé place au beau temps sur le lac que je longe à vélo. Petit passage en salle de presse pour commencer à prendre quelques notes et pour saluer Francis Gavelle en discussion avec Nadine Viaud, attachée de presse à l'Office National du Film du Canada. Toujours ravi d'entendre l'accent québecois de mon enfance, j'entame une discussion avec Nadine Viaud qui me parle du film "Le matelot volant" (The Flying Sailor) avant de gentiment me confier un petit tod bag ONF avec trois livres : "Femmes et Cinéma d'animation", ouvrage féministe sur les réalisatrices à L'ONF de Marie Josée Saint-Pierre. Ce livre fourmille de références précises sur ces femmes d'animation. Parfait pour un amateur de l'histoire de l'animation ! voir : https://www.pum.umontreal.ca/catalogue/femmes_et_cinema_danimation "Caresses magiques" Tome II , Recueil de témoignage sur la sexualité des femmes. 28 témoignages de femme sur un sujet ... objet de toutes les attentions ! Une série documentaire animée Caresses magiques rassemble cinq courts métrages de Lori Malépart-Traversy suite à ces livres. voir : https://espacemedia.onf.ca/epk/caresses-magiques/ Enfin le délicieux "Frame by frame" an animator's journey de Co Hoedeman pour partager l'univers de Co Hoedman grand prix à annecy en 1977 (ex aequo avec le film David de Paul Driessen ) et Oscar du meilleur court-métrage en 1978. Mille merci Nadine, tu as fait un heureux ! :-) Encore empli des joies de la fréquentation de la salle de presse, il était temps d'aller savourer la première séance de courts-métrages du jour ... le bonheur ! Courts Métrages En Compétition : L’officielle 2 Babičino Seksualno Življenje (Granny's Sexual Life ) - réalisation Urska Djukic - France, Slovénie 2021 Une occasion de revoir ce court métrage de "docu-fiction", c'est très tendance, photographies de personnages réels encadrant le film et création grâce à l'animation d'un univers portant un témoignage ici sur la souffrance de ces femmes obligées d'avoir des rapports sexuels avec leur mari. Le thème est plutôt lourd avec le mari bestial, alcoolique et violeur et sa femme obligé de subir des rapports douloureux obligatoires. Le dessin et l'animation enfantine d' Emilie Pigeard et des petites notes d'humour plutôt réussies apportent un peu de légèreté au film. Lucky Man - Suisse - réalisation Claude Luyet - 2022 L'animation suisse est à l'honneur ! Attardons nous un peu sur le réalisateur. Né en 1948 à Genève (Suisse). Claude Luyet a une formation de graphiste. Il a fondé avec Georges Schwizgebel et Daniel Suter, le Studio GDS. Illustrateur, il réalise également des installations des décors des génériques animés et réalise et produit des courts métrages d'animation en indépendant depuis 1973. Claude Luyet nous dévoile une belle et sombre parabole sur le hasard et la chance. Une belle histoire un peu surréaliste nous racontant le destin d'un gagnant à la loterie. Il faut noter la collaboration à ce film d'un autre suisse, Thomas Ott. Dessinateur de bande dessinée dont la technique de prédilection est la carte à gratter qui fait du noir la couleur par défaut, il donne une dimension graphique particulière au film. Certains amateurs confirmés du cinéma d'animation (non je ne balancerai pas) trouveront que ce film est plutôt une bande dessinée animée qu'un film d'animation mais le scénario est original, l'ensemble est réussi avec message clair et ironique sur le hasard. Un film noir et surréaliste, avec un héritage du cinéma des années 50. A voir ! Garrano -David Doutel et Vasco Sá - (Portugal, Lituanie) 2022 Je ne dirai pas que ce film est flamboyant pour ne pas "brûler" le suspens, mais il est impressionnant par la puissance et la rudesse qu'il exprime . Ce film est "à cheval" entre une parabole sur la corruption et un monde qu'on fait disparaître. Voir la bande annonce du fil sur Vimeo : Histoire pour 2 trompettes _ réalisation Amandine Meyer - France 2021 Nous avons ensuite eu le plaisir de découvrir "Histoire pour 2 trompettes" d'Amandine Meyer, un beau conte intime, fluide et aérien qui a obtenu le prix André-Martin du court-métrage. Prix André Martin oblige, Voir ce précédent article publié le jour de l'attribution du prix : https://clementmartin75.wixsite.com/cinemadanimation/post/festival-d-annecy-2022-deux-trompettes-qui-ne-sont-pas-de-la-fl%C3%BBte Krasue - réalisation Ryo Hirano Japon 2021 Pour les amateurs de violences et de spectres que seul le cinéma d'animation japonais sait nous inventer. Vous y trouverez à loisirs toutes une belle compilation de brutalités dans de méchantes courses poursuites. Voir la bande annonce si vous aimez ça. Louis I. Roi des moutons - Réalisateur Markus Wulf - Allemagne 2022 Image : https://www.senscritique.com/contact/markus_wulf/5853161 Markus Wolf nous offre une fable satirique savoureuse sur la monarchie absolue et ses grandeurs en animation d'objets et de marionnettes. Louis le mouton devient au hasard d'un coup de vent, Louis 1er Roi des moutons. Le décalage créé par ces personnages de moutons et le decorum ostentatoire de la monarchie est très réussi et drôle. Mais attention un coup de vent peut en cacher un autre ... Voir la bande annonce :-) Black Slide - réalisation Uri Lotan - Israel, Royaume-Uni 2021 Un jeune garçon poussé par son bon ami affronte le le terrible toboggan d'Aquafun. Un court-métrage parfait pour divertir la jeunesse à la télévision. Il en faut. voir bande annonce The Record - réalisation Jonathan Laskar - Suisse 2022 Le deuxième film suisse de cette séance est un film remarquable. Dès les premières images noir et blanc et contrastées, la musique et le craquement ni du disque vinyle nous plonge dans l'univers du film. Un voyageur offre à un antiquaire un vinyle magique. "Il lit dans votre esprit et joue ce que vous avez en mémoire." L'antiquaire captivé par ces musiques de ses souvenirs, baisse les stores de son magasin et plonge dans sa mémoire. Le film nous emmène dans l'histoire tragique de cet antiquaire quand il était enfant. Jonathan Laskar nous offre un magnifique travail sur la lumière où les saccades abstraites du tourne-disque sont autant d'échos aux flash lumineux à l'intérieur d'un train en mouvement au service du récits des souvenirs de cet antiquaire. Le film a obtenu le prix "Jean-Luc Xiberras" de la première œuvre 2022 à Annecy Voir la bande annonce sur https://www.swissfilms.ch/fr/movie/the-record/8FF741FF8AFC4EF9B4F726DCA7A577EC Séance Perspectives 1 "Ordre et discipline" :-( Cette année les horaires sont fait de telle manière qu'il est vraiment difficile d'enchaîner deux séances de courts métrages. Comme hier, il faut vite courir pour sortir de la grande salle pour se rendre à la petite salle de Bonlieu où m'attend cette fois-ci une déception. La séance a tout juste commencé et un monsieur "drapé dans son règlement" interdit à trois retardataires l'entrée dans la séance. Une femme, un peu énervée, essaie de convaincre le monsieur pour rentrer entre deux courts métrages mais rien n'y fait. Notre gardien restera sur ses positions totalement imperméable à la passion du festivalier . Philosophe, je retourne à la salle de presse avec quand même un petit regret pour cette "ambiance de surveillant général de lycée privé" qui ne correspond pas du tout à cette fête de l'animation qu'est le festival d'Annecy. Ce festival est si précieux; il arrive à couvrir avec brillau tant de facettes du cinéma d'animation ... Attention ! à ce qu'il conserve son âme. Le Marché International du Film d'Animation Au frais dans la salle de presse, je rencontre mon ami Nicolas Thys, enseignant en études cinématographiques et dont vous pouvez retrouver ces critiques sur le festival sur https://revue24images.com . Nicolas va au MIFA. Je propose de l'accompagner. Nous nous rendons à pieds en longeant le lac avec nos habituelles discussions à bâtons rompus avant d'arriver à l'Impérial Palace pour se rendre au salon où se trouvent les stands sur le cinéma d'animation. Le salon se trouve sur le côté mais l'arrivée vaut le détour. image : https://www.animenfoliz.fr/animation-encadrement-enfants-imperial-palace13102019/ On est venu à pied pas en hélicoptère... On déambule dans les stands avant d'arriver à celui de l'Université de Lucerne où, bien accueilli, je récupère grâce à Nicolas le magnifique livre de Christian Gassler " animation.ch " dans lequel vous allez tout savoir sur le cinéma d'animation suisse des 20 dernières années. Image : https://livre.fnac.com/a7757133/Christian-Gasser-Animation-ch Tout heureux de ma "prise", je déambule dans le salon comme un collégien dans une pâtisserie en "open bar", je grapille toutes ces belles brochures sur les cinéma d'animation Belge, Italien, bretons, suisse, lituaniens, ... où les films sont bien indexés. Autant d'épuisettes pour capturer quelques grains de sables de l'histoire du cinéma d'animation chers à Giannalberto Bendazzi (voir https://clementmartin75.wixsite.com/cinemadanimation/post/festival-d-annecy-2022-trop-long-ou-trop-court-1ère-partie ), sans oublier le bon café de colombie, les "épinglettes" et autres bonbons haribo. :-) Déjeuner Arnaché de tod bags plein de livres et de brochures, je rejoins Florentine Grelier (Professeur d'animation, réalisatrice et colocataire) et Isabelle Vanini (programmatrice au Forum Des Images). On déjeune in extremis au niveau des horaires. Photo Florentine Grelier : Clément Martin et son livre sur l'Animation ... le must l'année de l'animation suisse à l'honneur au festival. Photo Clément Martin : Isabelle Vanini et Florentine Grelier Après le déjeuner, petite glace les pieds dans l'eau du lac et retour à l'appartement; sieste de 20 minutes la journée va être longue ...Je ne verrai pas le long-métrage Nayola de José Miguel RIBEIRO. Charlotte - réalisation Eric Warin et Tahir Rana- Canada, Belgique, France - 2021 Départ pour Bonlieu pour la séance de 18 h 00 Pour voir "Charlotte". Ce long-métrage nous raconte l'histoire originale d'une artiste aussi méconnue que sa production a été prolifique et fulgurante : Charlotte Salomon. Image :https://www.cinergie.be/actualites/charlotte-de-eric-warin-et-tahir-rana Née à Berlin le 16 avril 1917 , Charlotte Salomon a voué une passion au dessin et à la peinture qui a donné lieu à une production singulière, bien que contrariée par un environnement familiale complexe et par les persécution nazis envers les juifs . Image : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlotte_Salomon Entre 1940 et 1943 elle a réalisé une série de plus de 800 dessins et peintures autobiographiques témoignant de ses temps tragiques qu'elle a elle même subie à l'extrême. Cette œuvre autobiographique intitulée Leben? oder Theater? ( Est-ce la vie ou du théâtre ? nous laisse une mémoire de cette époque tragique sous forme d'un roman graphique. L'écrivain David Foenkinos a contribué à faire connaître cette histoire dans roman : "Charlotte" chez Gallimard, qui lui a valu en 2014 le Prix Renaudot et le Prix Goncourt des lycéens. Image : peinture de Charlotte Salomon 1933 in http://www.paris-butteauxcailles.com/j-ai-decouvert-la-peinture-de-charlotte-salomon-a132418002 Image : peinture de Charlotte Salomon in https://poderdasteclas.com.br/csv.php?lswarkvillecbljksplvs214857 La vie pleine et courte et l'oeuvre de Charlotte Salomon ont offert un scénario inouï à l'équipe du film. Le film est captivant, on y suit avec attention les tribulations de cet artiste. Marion Cotillard et Romain Duris apportent leur interprétation dans la version française. L'ensemble est cohérent et réussi. Le cinéma d'animation nous montre le sujet aussi bien qu'un film classique, on sort du film remué par cette histoire .... Mais ... on regrette ce graphisme trop lisse et sage, cette animation trop pauvre. Le film aurait pu devenir un film remarquable s'il avait su mieux retransmettre cette fébrilité créative et cette détermination que l'on trouve chez Charlotte Salomon grâce aux qualités graphiques dans l'animation et la mise en scène. Ce sont parfois les regrets que l'on a sur les long-métrages qui doivent faire des concessions. Image https://littlebiganimation.eu/premieres-images-de-charlotte-tiff-2021 Le sujet a magnifiquement porté le film ... on aurait adoré le contraire ! On ne peut pas avoir un long métrage de Florence Mihailhe tous les (10) ans .... :-) Voir la bande annonce: Soirée Miyu Cette année le festival renouait avec les soirées. Je me suis donc rendu tranquillement à cette soirée après ma projection. Arrivé tôt il était encore possible de saluer Emanuel-Alain Raynald CEO de Miyu productions et d'approcher facilement du buffet et du bar ... ça n'a pas duré ! L'endroit plutôt spacieux s'est rempli et a commencé un tourbillon de rencontres producteurs, réalisateurs et autre directeur artistique du festival, J'ai même du me porter au secours auprès de très belles jeunes femmes perdues devant le buffet mettant en avant avec aplomb la science que j'avais tout juste construite au début de la soirée... :-) C'est simple il y avait tout le monde .... Mais tout de même quel plaisir d'échanger quelques mots avec réalisateur de l'enraciné et onirique "Archipel", poème animée du Saint-Laurent mère et père du "haut et du bas Canada". On avait pu voir le film dans la séclection contrechamps à Annecy en 2021 et dans la foulée au Piaff 2021 avec une belle inteview de l'auteur. Photo Clément Martin : c'est plein Photo Clément Martin : A la rencontre de Félix Dufour-Laperrière avec Francis Gavelle. Après quelques verres de vins, et un peu d'eau pour s'hydrater, il était temps de migrer vers la soirée MIFA. Et oui le festival d'Annecy est ainsi impitoyable que l'on doit enchaîner les soirées. C'est surement "escorté " par le Lillois producteur et consultant en animation Olivier Catherin que nous marchons le long du lac d'Annecy où la projection nocturne en plein air bat son plein auprès du public d'Annecy. Rencontre avec L'AFCA le long du lac. On rencontre sur le chemin des amis de l'Association Française pour le Cinéma d'Animation. Pour en savoir un peu plus sur l'AFCA voir https://clementmartin75.wixsite.com/cinemadanimation/post/le-festival-d-annecy-a-60-ans-conservateur-dirigeants-et-docteurs-l-examinent . C'est ainsi que je fais la connaissance de Benoît Mandeville (Chargé de l'Administration) et Bérengère Boutevin(Chargée de communication et de la presse). On parle rapidement des archives de l'AFCA. On convient de se voir à la rentrée pour y jeter un œil. Le documentaliste et l'historien amateur que je suis devenu a appris qu'un document en apparence anodin une facture, une commande, un compte-rendu permet de dater précisemment des choses et de construire une chronologie juste. Soirée MIFA Arrivée à la soirée MIFA guidé par mes habitués. On montre patte blanche à l'entrée. Je salue Jacques Kermabon rédacteur en chef de labelle revue "Blink Blank" sur le cinéma d'animation et son épouse qui rentrent (voir https://revue-blinkblank.com ). Je grimpe des escaliers dans la soirée noir monde. Je salue Mickael Marin le directeur du Festival d’Annecy en grande conversation avec cinq autres personnes ... Je me rend au bar... Après une lutte bien menée pour obtenir un verre de rosé, je m'enfuis vers le lac, trouve un transat libre séparé d'une voisine par une table basse. Le transat et libre ! Photo Clément Martin : le bar de la soirée MIFA ... avant de se faufiler Nous sommes tous les deux sur nos portables, je savoure mon rosé dans cette ambiance plage avec musique de fond qui me convient bien après cette belle journée. Au bout d'un moment ma voisine entame la conversation. Nous attendons tous les deux un signal d'un colocataire pour rentrer dormir. Ma voisine a un petite accent, elle est australienne et travaille à l'école MOPA, école d'animation 3D, à Arles. Après mes rencontres concernant l'atelier de Sèvres, l'université de Lucerne, je continue à découvrir l'ecosystème de l'enseignement du cinéma d'animation. Nous finissons par joindre nos colocataires et nous repartons chacun de notre côté. J'ai bien sûr laissé ma carte espérant augmenter la fréquentation de mon blog ! :-) C'est amusant vu les rencontres que je vais faire le lendemain... mais demain est un autre jour après une courte nuit ! Grâce à Linkedin et une rencontre du lendemain, je peux me rapeller qu'il s'agissait de Catriona Murray Responsable Relations Internationales / Entreprises / Partenaires Externes à l'école MoPA. A suivre !
- 31 - Festival d’Annecy 2022, trop long ou trop court ? 1ère partie
Image : Intersect de Kick Koy (Suisse) prix off-limits Annecy 2022 Le 46e Festival international du film d'animation d'Annecy s’est achevé après avoir rassemblé le monde de l’animation pendant une semaine. Chacun s'est dispersé la tête pleine d’images, de spectacles, de rencontres et de partages avec de belles cernes sous les yeux. Car à Annecy cette année, plus que jamais il fallait “trancher” ! Avec plus de 500 films proposés, un grand nombre de longs métrages et des courts-métrages plus longs, il fallait être philosophe, cueillir sa propre sélection et attendre une prochaine occasion de voir les films qu'on a manqué. Après ce tourbillon, il fallait bien quelques jours de repos pour revenir sur les moments qui m'ont marqué dans le festival cette année. Voici ceux de la première journée. Le dimanche soir on trépigne ! Annecy s'est avant tout le plaisir de rencontrer ses amis de l'animation, il y a donc d'abord la traditionnelle et indispensable fondue du dimanche soir au Freti pour se préparer au démarrage du festival le lendemain. Photo Clément Martin : Les amis de l'animation Au fond : Marie-Pauline Mollaret, Yanick Heude, Véronique Dumon. A gauche du fond vers l'avant : Francis Gavelle, Florian Delporte. A droite du fond vers l'avant : Sofia El Khyari, Nicolas Thys, Florentine Grelier, Tony "Crayon". Jour 1 Le lendemain, il faut vite partir dans le centre d'Annecy. Grâce à la mairie d'Annecy et son système de location de vélo courte durée on est à Bonlieu en un quart d'heure de petit port en longeant le lac et ses magnifiques Paysages. Bravo Annecy ! Station de vélo libre-service de petit port :-) L'officiel 1 courts métrages Le cinéma d'animation, c'est d'abord et avant tout des courts-métrages se où les particularités et la typicité de l'œuvre expriment toute la puissance et la diversité de celui-ci. Les longs-métrages peuvent ensuite s'en inspirer avec souvent quelques concessions. Un petit tour en salle de presse où Francis Gavelle prépare son article du jour et dès 10 heure on commence par le programme Officiel 1 des courts métrages. Une belle séance ! Un petit loupé sur la projection du premier film Mirascas de Raphaëlle Stolz pour un problème de DCP. le film est repassé à la fin mais pas le temps de le voir si on voulait voir la prochaine séance car entre retard des séances et proximité de la suivante s'était compliqué cette année. Ce sera pour une autre fois. Puis c'était l'occasion de revoir Steakhouse de Spela Cadez (Slovénie, Allemagne, France) . Le film a été très apprécié pour son caractère "tranchant" et "carboné" ! Pour ma part, je ne m'y ferai jamais, probablement un problème de langue ! :-) Le film a obtenu le prix du Jury. Image : https://www.zippyframes.com/shorts/steakhouse-by-s-pela-c-adez Taaskohtumine de Üllo Pikkov - Estonie Ensuite nous avons eu droit à un beau film estonien "Taaskohtumine" de Üllo Pikkov réalisé en prise de vue image par image. Le film est malheureusement un peu abscons si on n'en lit pas le résumé auparavant. Réalisé avec des objets animés image par image, objets et personnages ont été conçus avec des matériaux de récupération provenant de l'île où se situe le film. Les personnages représentés par des plumes reviennent sur leur île qu'ils avaient abandonné pendand la guerre. Le film nous raconte ce retour. La direction artistique de Anu-Laura Tuttelberg se ressent fortement dans ces attelages improbables et ces personnages en plumes qui nous offrent des passages tout en subtilité et tendresse. Image : https://www.nukufilm.ee/arhiiv/taaskohtumine/ Hysteresis de Robert Seidel (Allemagne) On a poursuivi avec le superbe Hysteresis de Robert Seidel (Allemagne) aux images baroques de danseur en train de fondre et de couler pour un effet graphique somptueux sur un bel écran. Image : Hysteresis in https://tportmarket.com/films/hysteresis/ Ce film est un écho animé, moderne et irrespectueux de notre si belle chapelle Sixtine ! Cinq siècles plus tard. Image chapelle Sixtine : https://www.visitonsrome.com/chapelle-sixtine Amok de Balázs Turai (Hongrie, Roumanie) Dans cette très belle première séance on a ensuite vu avec un plaisir non dissimulé "Amok" de Balázs Turai. Je ne suis pas forcément un adepte des films déjantés mais ici j'ai été enthousiasmé par le côté délirant et cohérent de ce film. Couleurs fluo, nain de jardin et super héros masqué, persécuté par ses démons intérieurs et ses folies meurtrières. Il aurait pu manquer une psychanalyse par un singe pour compléter ce tableau psychotique mais non tout y est ! Image : https://zippyframes.com/festivals/annecy-festival-winners-2022 Image : https://ceeanimation.eu/projects/amok-2/ Le film a obtenu le Cristal du court métrage et le Prix France TV pour un court métrage. Nous aurons donc l'occasion de le revoir. Voir la courte bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=ImnQrH9RKwA Sprite Fright - Matthew Luhn, Hjalti Hjalmarsson (Pays-Bas) On a terminé la séance par Sprite Fright, ce film sans originalité graphique car conçu en "espéranto 3D" est un film divertissant grand public avec de drôles de champignons dont le combat symbolise la revanche de la nature sur nos abus. Développement durable oblige, on ne s'ennuie pas. Image : https://www.clevelandfilm.org/films/2022/sprite-fright Puis c'est le moment de partir en courant pour rejoindre la séance off-limits qui me réserve chaque année une belle surprise en éloge au cinéma expérimental. Mirascas de Raphaëlle Stolz est reprojeté ... avec les bonnes couleurs. Je ne le verrai pas. Séance Off-Limits On arrive essoufflé à la séance off-limits; tout juste le temps de faire la bise à Marcel Jean le Directeur artistique du festival à l'entrée de la salle puis de lever le pouce en lui disant "ça commence fort ! " :-). "La mujer como imagen, el hombre como portador de la mirada" de Carlos Velandia (Colombie) Ce film expérimental reprend des plans de l'histoire du cinéma en nous les proposant en séquences saccadées. Le son est lui aussi haché pour un effet réussi. On regrette juste que l'exercice soit resté sérieux avec une succession sage de séquences, un peu de combinatoire rythmée avec un jeu de formes, nous aurait amené une jubilation supplémentaire. "Under the Microscope" de Michaela Grill (Autriche Canada) Ce film nous propose des images de processus cellulaires, des éclatements de pollen et des germinations avec des flashs de couleurs mettant nos rétines à l'épreuve pour notre plus grande joie. Ce film est bien entendu à voir au premier rang; il aurait sans conteste obtenu le " graminée award " si ce prix avait existé ! :-) Image : https://www.viennale.at/en/film/under-microscope Intersect de Kick Koy (Suisse) Pour terminer sur cette séance off-limits, on citera Intersect de Kick Koy (Suisse) qui nous propose des métamorphoses numériques de roches, de végétation d'insectes en cinq chapitres. Le chapitre nous montrant un traveling sur un insecte est magnifique ! Le film a obtenu le prix off-limits à Annecy. Image : https://www.swissfilms.ch/fr/movie/intersect/C87FEF32C2224C43A0E9BBFD09ADC186 Pause déjeuner Annecy c'est magique ! Il faut que je vienne à Annecy pour déguster un improbable "hamburger vegan" avec un authentique marxiste ! :-) Photo Florentine Grelier. Longs Métrages Annecy c'est aussi les long-métrages. Nous avons commencé par Silver Bird and Rainbow Fish en compétition Contrechamp 1 qui n'a pas vraiment retenu mon attention. Le hamburger vegan a-t-il été trop bon ? Island de Anca Damian (Roumanie, France, Belgique) Nous avons poursuivi avec Island de Anca Damian (Roumanie, France, Belgique). Présenté en grande pompe dans la grande salle de Bonlieu, le film m'a déçu. Le film se veut une métaphore de notre monde, la solitude volontaire sur une île envahie par des migrants, des ONG, des gardes. Inspiré de Robinson Crusoé le récit, se disperse trop en entassant les sujets à la mode de notre pauvre monde pour ne les traiter qu'en surface sous forme de paraboles molles. C'est dommage une meilleure lisibilité, un peu plus de simplicité n'aurait pas desservi le film et ses qualités. Photo Clément Martin : Marcel Jean, Anca Damian et une partir de l'équipe du film. Image : https://apartefilm.net/2020/04/24/anca-damian-nous-sommes-seuls-mais-nous-rigolons-ensemble/ Voir un extrait sur https://www.facebook.com/watch/?v=697827300796152 Cérémonie d'ouverture Pour terminer cette belle journée de projections, il y avait la cérémonie d'ouverture. Marcel Jean a officié tout à son en aise en maître de cérémonie passant la parole aux "officiels" pour leur discours : le maire d'Annecy François Astorg et le président de Citia Dominique Puthod. Nos "officiels" se sont réjoui du retour à un festival complet, fort de ses délégations étrangères après une édition 2020 en ligne et une édition 2021 hybride. Dominique Puthod a évoqué la situation de l'Ukraine. Thierry Frémaux , délégué général du Festival de Cannes présent dans la salle a été chaudement applaudi. Hommage à Giannalberto Bendazzi Un hommage a été rendu à Giannalberto Bendazzi professeur et historien du cinéma d'Animation qui nous a quitté en décembre dernier. L'équipe du festival lui a dédié l'édition du Festival. Pour ceux qui suive régulièrement ce blog vous connaissez mon intérêt pour le l'histoire du cinéma d'Animation. Giannalberto Bendazzi fait partie de ces rares personnes qui travaillent inlassablement pour couvrir le plus exhaustivement possible l'histoire de cet art autant méconnue qu'infinie dans ces œuvres. Toujours avec humilité, comme le montre ce courrier adressé à André Martin, Giannalberto Bendazzi a patiemment construit pendant plusieurs année une première histoire encyclopédique du Cinéma d'Animation qu'il a publié en 1978. L'exemplaire de mon père fait partie de mes livres de chevet. Collection Geneviève et André Martin : Lettre de Giannalberto Bendazzi à André Martin. Giannalberto Bendazzi a par la suite continué pendant plus de quarante ans à compléter cette histoire encyclopédique, l'adaptant également pour les jeunes générations qui n'ont souvent pas connu la pellicule. Cet immense travail a donné lieu à la publication d'un nouvel ouvrage en anglais et en 3 tomes sur 1 500 pages en 2015 : "Animation : a world history". Image : https://swissanimation.ch/fr/news/bendazzi-animation-a-world-history-vol-iii-/ Ces ouvrages sont un leg inestimable pour toutes les personnes qui prennent le relais pour comprendre le cinéma d'animation et son histoire passée et à venir. Pour en savoir plus sur Giannalberto Bendazzi voir cette conférence : https://www.youtube.com/watch?v=BBnIsH2fQow Les Minions 2 : Il était une fois Gru Réalisation : Kyle Balda, Brad Ableson, Jonathan del Va. USA L'évènement de la soirée d'ouverture était la projection en avant-première mondiale pour ce deuxième film des "Minions" dont le premier opus a connu un succès d’envergure. Les minions font partie de ces longs métrages d'animation qui font parler de l'animation par leur succès en salle et la presse s'est largement étendu sur cette avant première pendant le festival. Cette "locomotive" a une caractéristique bien particulière : celle d'une alliance franco-américaine. Depuis 2010 "Illumination", une filiale indépendante d’Universal Pictures s'est associé au studio d’animation français Mac Guff. Leur première coopération a été sur la réalisation du premier film de la franchise : M oi, moche et méchant de Pierre Coffin et Chris Renaud. Fort de ce succès Mac Guff et Illumination ont consolidé leur union et fondé Illumination Mac Guff en 2011 pour réaliser 11 autres films qui ont tous connus le succès. L’équipe des "Minions 2 : Il était une fois Gru" est montée sur scène, avant la projection du film. Chris Meledandri, fondateur et PDG du studio Illuminations a déclaré : «L’histoire de Moi, moche et méchant a débuté à Annecy, et il est normal je pense qu’on soit ici ce soir pour ce nouveau film ». avant d’inviter le reste de l’équipe (excepté Pierre Coffin, absent) à monter sur scène. Photo Clément Martin. L'équipe des Minions 2 Après ces échanges chaleureux on a pu voir le film. Bien sûr nous sommes sur un produit grand public. On n'échappe donc pas : aux gentils et aux méchants, au gentil - méchant et au méchant gentil, aux monstres strato-magiques aux combats d'arts martiaux. à une fin .... chuuuuuuttttttt ! On empile les recettes mais le film est plaisant, enlevé avec ses personnages typiques : Gru, les minions et les "vicious 6". Un nouveau succès tout public à prévoir pour promouvoir le Cinéma d'Animation. Cette première journée du festival a été copieuse, gourmande. Elle illustre, si cela était nécessaire, combien le Cinéma d'Animation est riche, divers, créatif, abondant. Un dernier petit verre entre amis et retour à petit port pour récupérer quelques heures . A suivre !
- 59 - Annecy 2023 "Is Heaven Blue ? #2" : C'est la vie !
Is Heaven Blue? #2 - Image https://www.annecyfestival.com/le-festival/palmares/fiche-film-palmares:film-20232235 Le film a remporté le prix off-limits, catégorie du court-métrage expérimental du festival d'Annecy; il nous offre une mise en scène métaphorique de la vie et de son cours que l'on peut ranger au rang d'œuvre d'art tant cette performance est remarquable. Remise du prix off limits à Menno de Nooijer à la soirée de clôture du festival dans la grande salle de Bonlieu. - Photo Clément Martin. Paul de Nooijer est un photographe originaire de Eindhoven, aux Pays-Bas né en en 1943. 1975 Here You Are - ONE- photographie de Paul de Nooijer - image https://www.invaluable.com/auction-lot/here-you-are-one-469-c-a48655d168 Artiste polymorphe, il travaille avec son fils Menno depuis 1989 aussi bien sur des installations, des performances, des peintures, des photographies, que du cinéma ou du cinéma d'animation. Les réalisateurs se mettent souvent en scène eux-mêmes ainsi que la femme de Paul, Françoise, pour créer des tableaux vivants à l'univers pictural si particulier. Cette approche polymorphique de l'Art est aussi riche qu'elle est sœur du cinéma d'animation. Il est donc naturel que les deux réalisateurs nous proposent "Is Heaven Blue ? #2" un film d'animation réalisé en pixilation. Is Heaven Blue ? #2 - réalisation Menno De Nooijer, Paul De Nooijer - Norvège, Pays-Bas - 2023 16 mn 55 s Techniques utilisées : animation d'objets, ordinateur 2D, photocopies, pixilation, prises de vues réelles Version : Sans dialogue ni commentaire Procédé : Couleur et noir et blanc Public(s) visé(s) : Adultes Production : Tri-Eye, Françoise De Nooijer, Trollfilm As, Anita Killi, Lillian LØvsethv Distribution : Mária Môtovska Une pièce, parfois quelques chaises et une succession de scènes avec au plus 3 personnages, Menno, Paul et Françoise. Les personnages qui évoluent dans cette pièce en repeignant le décor pour créer chaque scène. Cette succession de tableaux animés qui se construit sous nos yeux décrit le temps qui passe, la vie, le vieillissement des corps. Le film est d'autant plus profond que Menno nous a annoncé lors de la reprise du prix off-limits que ce film était le dernier qu'il faisait avec ses parents car ils sont maintenant vieux et malades. Il marque donc la fin d'une aventure créative singulière car familiale, où la vie et l'Art se sont toujours entremêlés. Is Heaven Blue ? #2 - Image https://see-nl.com/artikel/20230608-annecy-2023-is-this-heaven-2 Les réalisateurs réinventent en famille une représentation des rituels de la vie pour une prouesse graphique époustouflante ! Image : https://www.youtube.com/watch?v=G6curg-38gU Image : https://filmkrant.nl/artikel/paul-en-menno-nooijer/ Menno de Nooijer nous présente le studio et la maison où le film a été tourné sur https://www.youtube.com/watch?v=724S9v99SO8 J'aurai aimé voir le film plusieurs fois avant de rédiger ce texte car le film mérite une analyse plus approfondie notamment sur la succession des tableaux. Mon vœu est un peu exhaussé car on pourra voir le film au forum des images à Paris dans la séance Annecy 2023 : courts métrages primés 1 le mercredi 38 juin 2023 À 18:30. https://www.forumdesimages.fr/les-programmes/reprise-annecy-2023/reprise-annecy--courts-metrages-primes-1 A voir et à lire : Le site des denooijer : https://denooijer.org Un article sur SEE NL, plateforme de promotion du cinéma des pays-bas sur Is Heaven Blue ? #2 https://see-nl.com/artikel/20230608-annecy-2023-is-this-heaven-2 Un article de Pierre Hébert dans 24 images : Paul de Nooijer "Touring Holland by bicycle" https://revue24images.com/cineaste-invite/paul-de-nooijer-touring-holland-by-bicycle/ Un court-métrage plus léger hommage à Tex Avery : "Rrringg !" réalisé en pixilation par Menno & Paul de Nooijer sur https://www.youtube.com/watch?v=XqYrmLaZJvU #denooijer #annecyfestival #isheavenblue #forumdesimages #pixilation #gamca
- 30 - Festival d'Annecy 2022 : Deux trompettes qui ne sont pas de la flûte.
Le Jury Cette année le jury pour le prix-André-Martin du court-métrage français était composé de : Thomas FOUET : Journaliste Christine GENDRE : Responsable du Service Courts-Métrages - Unifrance Jacques KERMABON : Journaliste Carolina LÓPEZ CABALLERO : Journaliste Dominique SEUTIN : Directrice - Festival Anima Le jury du prix 2022 au délicieux court-métrage "histoire pour deux trompettes" d'Amandine Meyer. :-) L'auteur Amandine Meyer est une illustratrice qui est venue à l’animation. Quelques mots sur l'auteur recueillis sur : https://www.pictobello.ch/edition-2019/dessinateur/amandine-meyer/ " Née en 1980 en Lorraine, Amandine Meyer est dessinatrice et plasticienne. Le dessin, la céramique et la gravure sont autant d’outils pour développer son étrange univers peuplé d’enfants sans visages environnés d’une faune et d’une flore luxuriantes et moisies. Elle crée des livres pour adultes, pour enfants et des fanzines pour les autres. En 2018, elle a reçu le Prix de l’EESI (École Européenne Supérieure de l’Image basée à Angoulême et Poitiers). Elle est actuellement en résidence artistique dans une crèche à Montreuil avec le centre d’art Tignous. Elle travaille à l’écriture d’un court-métrage d’animation, elle réfléchit à des projets de publication jeunesse et elle illustre régulièrement des livres pour Nathan, en attendant de s’atteler à un nouveau livre de bande dessinée." Le Film Histoire pour 2 Trompettes Réalisation : Amandine Meyer Musique : Chapelier Fou Production : MIYU PRODUCTIONS, Emmanuel-Alain RAYNAL, Pierre BAUSSARON Distribution : MIYU DISTRIBUTION, Luce GROSJEAN Pays : France Année de production : 2022 Durée : 05 mn 26 s Catégorie : Court métrage Technique(s) utilisée(s) : ordinateur 2D Version : Sans dialogue ni commentaire Procédé : Couleur Public(s) visé(s) : Adultes, Enfants, Famille Synopsis (voir 1) "Dans un jardin intérieur, deux statues d’amoureux craquent sous la pression d’une eau souterraine. C’est une rivière de larmes. Des amours se brisent, un bébé apprend la flûte à bec avec une oie et boit l’eau qui fait grandir. L’enfant mange son professeur pour trouver l’os qui fait naître les œuvres ! Un récit initiatique pour maîtriser la chantilly multicolore qui transforme les mondes." Image : https://www.miyu.fr/production/histoire-pour-deux-trompettes/ Ce film nous dévoile le parcours initiatique d'une petite fille sous forme d'un conte. L'absence de dialogue permet au spectateur de se laisser envelopper dans une poésie fluide et d'interpréter librement les multiples symboles qu'Amandine Meyer nous a confié dans ce film très personnel. Seule la musique de Chapelier Fou nous accompagne dans celle-ci. Non, ces deux trompettes ne sont pas de la flûte et on ne résiste pas au plaisir de chercher dans l'histoire du cinéma d'Animation des références auxquelles on peut associer ce film. Si pour certains le côté onirique du film rappelle Little Nemo de Winsor McCay (voir 2), on peut penser également à la joie de vivre de Hector Hoppin, Anthony Gross pour cette légèreté qui nous transporte avec bonheur . A voir 1 Le site d'Amandine Meyer : https://www.amandinemeyer.com/ 2 https://revue24images.com/festival/festival-dannecy-2022-jours-1-et-2-des-etudiants-en-forme/ ) Amandine Meyer nous parle de son film sur : https://www.unifrance.org/film/54369/histoire-pour-2-trompettes Un extrait du film : https://www.instagram.com/p/CSeqvy1iW-f/?hl=fr Un extrait du film sur :
- 29 - Les chiffres, ces êtres fragiles qui disent ce que l'on veut pourvu qu'on les torture bien.
En 1982, André Martin nous annonçait que " l'informatique sera visuelle où ne sera pas ". (cf. « le monde contemporain » France Culture mars 1982 - émission de radio consacrée au festival de télévision de Monte-Carlo). Quatre décennies plus tard, des puissances démesurées, capables de représenter graphiquement notre monde et ses flux, sont nées grâce au développement informatique du traitement de la donnée qui, avec la multiplications des capteurs d'informations, permet de remplir "de gigantesques lacs de données" plus ou moins anonymes… Image : https://mubi.com/fr/films/average-happiness Average happiness Un court métrage où de sérieux tableaux de bords s'animent pour construire de nouvelles structures. Court-métrage expérimental en animation 2D Ecrit et réalisé par Maja Gehrig Animation : Maja Gehrig Compositing : Stefan Holaus Conception sonore : Peter Bräker Musique : Joy Frempong Producteur Langfilm Distribution : Miyu Distribution Suisse 2019 7 minutes Le nouveau monde de la donnée On ne peut plus se passer de ces masses de données et de leurs traitements pour comprendre la réalité, nos comportements, le passé, le futur proche ou éloigné . Chaque seconde, 29.000 Gigaoctets (Go) d'informations sont publiés dans le monde, soit 2,5 exaoctets par jour soit 912,5 exaoctets par an. (voir https://www.planetoscope.com/Internet-/1523-.html ). Un volume de "big data" qui croît à une vitesse vertigineuse et donne naissance à de nouveaux types de représentations statistiques. Peu importe, à ce stade, qu'on puisse suivre notre vie au mètre prêt pour en user à des fins plus ou moins louables, la vie privée est aujourd'hui terminée. L'espace de l'information pourra probablement être régulé comme l'ont été en leur temps l'espace terrestre, maritime ou aérien mais ... cela reste en devenir ! Les systèmes d'informations règnent en maître sur la sociologie, les pandémies, les guerres, notre consommation, notre production, notre avenir jusqu'à notre propre compréhension individuelle. De quoi parfois être étourdi par "ces danses de données" quasi oniriques. Percevoir ce nouveau monde André Martin avait vu juste l'informatique est devenue graphique. Il fallait bien qu'un artiste s'empare de ce vertige visuel pour en exprimer la complexité et la folle ampleur en images animées. Maja Gehrig l'a fait avec réussite dans son étonnant court-métrage qui exprime avec puissance : la vibration jouissive de ce nouveau pouvoir de la donnée, et surtout les métamorphoses de ces êtres construits de données corrélées qui en font des êtres à part entière avec leurs affirmations, leurs conclusions obligatoires, leurs réalités. La réalisatrice Maja Gehrig in https://www.shortoftheweek.com/2022/04/21/average-happiness/ Le cinéma d'animation permet de d'illustrer, de montrer, voire de démontrer ces métamorphoses, ces mutations. Une fois de plus, il nous avertit, nous sollicite, nous alerte en nous offrant un spectacle stupéfiant, onirique, prémonitoire : les histogrammes deviennent des paysages sauvages ou urbains, d'improbables immeubles, des montagnes à gravir, les "camemberts" deviennent de curieux soleils, Les représentations des données deviennent des architectures où se meuvent de curieux appendices et d'inquiétants mollusques. Image : Average happiness - source https://www.shortoftheweek.com/2022/04/21/average-happiness/ Où la nuit tombe sur des cités de données, port improbable avec ses mâts ses reflets dans l'eau calme. Ce court-métrage exprime avec justesse cet univers de la données avec ces êtres, ses paysages, ses monstres hors de contrôle que nous créons sans mesure quotidiennement pour permettre ainsi à quelques entreprises de se développer dans les limites jamais atteintes. (On ne va pas critiquer ceux qui nous permettent de diffuser nos publications mais ...). Image : Average happiness in https://mubi.com/fr/films/average-happiness Où de curieux "data-mollusques" peu rassurants se meuvent dans des forêts de pyramides de données. Au-delà de la poésie de ces paysages et de ses villes et de ces êtres mutants autant de métaphores qui expriment la vie propre de "tous ces chiffres" qui nous échappent, on trouve aussi dans ce film des compositions abstraites animées qui nous enveloppent en échos des œuvres historiques du cinéma d'animation expérimental et de la peinture abstraite . Image : Average happiness in https://www.filmsprung.ch/?p=8600 . On retrouve dans ces tableaux abstraits une belle filiation avec des pionniers du cinéma d'animation expérimentale des années 20-30 comme Oskar Fischinger dans les années 1920-1930 dont la contribution majeur au cinéma non-figuratif n'est plus à démontrer. Image : Oskar Fischinger - Composition in Blue, 1935, © Center for Visual Music 1927, Germany, 16mm, b/w & colour, silent, 7 min. Oskar Fischinger Reconstructed by William Moritz.in https://em-arts.org/en/independent-films/r1-ein-formspiel On y trouve aussi un lien fort avec les premiers peintres abstraits qui voulaient se détacher de la réalité pour mieux l'exprimer dans des constructions nouvelles. On pense à certaines peintures de Frantisek Kupka dans les années 1910 et sa recherche d'architectures non-figuratives. 1911-1912 "arrangement_of_vertical_lines" de Frantisek Kupka Image : Frantisek Kupka La Cathédrale Katedrala 1912 in https://www.etsy.com/fr/listing/969147300/frantisek-kupka-la-cathedrale-katedrala Oui, Les chiffres, sont des êtres fragiles qui disent ce que l'on veut pourvu qu'on les torture bien. Maja Gehrig en a "torturé" à son tour les représentations graphiques qui permettent aux chiffres de tout avouer. Elle nous livre une magnifique métaphore de la puissance mal contrôlée que nous offrent les données de notre monde. Elle nous propose des formes envahissantes, des monstres autonomes en mutation qui se reproduisent dans ces curieux paysages... Image : Average happiness in https://www.shortoftheweek.com/2022/04/21/average-happiness/ où les représentations de données s'animent pour devenir des êtres à part entières dans de presque sages animations abstraites.:-) Maja Gehrig nous montre ce nouveau monde parallèle et onirique où on se laisse emporter. Le film nous laisse entrevoir ces curieux développements que nous vivons. Ce rêve peut-il devenir cauchemar ? Average hapiness illustre à son tour ce si beau pouvoir du "Cinéma d'Animation" de nous offrir un spectacle magique qui exprime ses allégories dans un Art unique. On avait pu voir le film dans l'édition en ligne du festival d'Annecy en 2020. On aurait aimé le voir dans la grande salle de Bonlieu, au premier rang bien au milieu ! :-) Le festival d'Annecy 2022 arrive à grand pas. Cette année le cinema d'Animation suisse sera à l'honneur. Devant tant d'originalité dont il est question ici, ... on se régale d'avance ! :-) A bientôt pour de magnifiques projections. On peut voir le film sur : https://www.shortoftheweek.com/2022/04/21/average-happiness/ ou sur Merci à Myiu Distribution pour le lien : https://www.linkedin.com/company/miyu-distribution/ :-) qui a rappelé à mon souvenir de beau film ! A suivre .... :-) A voir : Maja Gehring nous parle de réalisation de son film.
- 28 - Prix André-Martin du long-métrage 2022-Durant "La Traversée", le jury a pris le bon chemin.
A partir de l'année 2022, le Prix André Martin pour distinguer un film d'animation Français est remis en deux temps : - A Rennes, lors du festival national d'animation organisé par l'AFCA pour le long-métrage; - A Annecy, lors du Festival international du film d'animation organisé par CITIA, pour le court-métrage à Annecy. La traversée image : https://www.lacinemathequedetoulouse.com/programmation/projections/32343?from=2019-04-13 La traversée France, Tchéquie, Allemagne. 2021 Réalisateur Florence Miailhe Scénario : Marie Desplechin, Florence Miailhe Directeur artistique animation : Youri Tcherenkov (CZ) Animateurs France : Valentine Delqueux, Marie Juin, David Martin, Aurore Peuffier, Anita Brüvere, Ewa Łuczkow, Paola de Sousa Animateurs Allemagne Aline Helmcke, Urte Zintler, Ewa Łuczkow Animateurs Tchéquie : Lucie Sunková, Polina Kazak, Eva Skurská, Anna Paděrová, Zuzana Studená, Marta Szymanska Musique : Philipp E. Kümpel Directeurs de postproduction : Jean Delduc, Matthias Reger Directeurs de production : Dominique Deluze (FR), Karsten Matern (DE), Marcela Vrátilová (CZ) Producteurs Les Films de l´Arlequin, Balance Film, MAUR film, XBO Films, ARTE France Cinéma, MDR/ARTE Germany, Česká televize Distributeurs GEBEKA FILMS Marc BONNY On avait eu quelques regrets à Annecy, que le jury n'ait pas choisi "la traversée" de Florence Miailhe pour le cristal du long métrage. Le Jury du Festival National d'animation nous a ravi en choisissant ce film pour remporter le prix André-Martin du long parmi des oeuvres de grande qualité. Comment être plus fidèle à la pensée d'André Martin sur le cinéma d'animation en choisissant d'élire un film aux qualités techniques et graphiques exceptionnelles et d'une trop rare poésie ? Ce film reste malheureusement d'une cruelle actualité qui s'étale quotidiennement à nos portes. Son caractère universel lui donne une force de résonnance remarquable. Félicitations à toute l'équipe de Florence Miailhe ! Et merci au Jury pour ce très beau choix ! Pour en savoir plus voir https://clementmartin75.wixsite.com/cinemadanimation/post/palmarès-annecy-2021-durant-la-traversée-de-florence-miailhe-le-jury-n-a-pas-pris-le-bon-chemin Et profitez de l'exposition autour du film LA TRAVERSÉE à (re)découvrir jusqu'au samedi 30 avril au Musée des Beaux-Arts de Rennes.
- 27 - Festival d'Annecy 2022 : L'affiche nouvelle est arrivée !
Alors que les équipes du festival s'affairent à sa préparation et que les accréditations sont ouvertes, nous avons eu la joie cette semaine de découvrir l'affiche de l'édition 2022. Cette affiche, réalisée par Laurent Durieux, annonce une édition sous les meilleurs auspices car au-delà de sa beauté nous avons là une très réussie "affiche invitation". André Martin dans son article "La ville à témoin" (cf. Cinemas Revue Trimestrielle des Journées du Cinéma - La Ville à Témoin - Mars 1959) paru à l'occasion de l'organisation d'une exposition sur les affiches de cinéma distinguaient deux types d'affiches de cinéma : les "affiches étalage" qui "étalent les détails appétissants du produit offert au public" ; les "affiches invitations" qui partent du désir de faire autrement " en cherchant moins à accrocher le spectateur qu'à élargir le retentissement de l'oeuvre et à programmer son ambition ». Pour plus de précisions, et avec tout l'humour d'André Martin, voir https://clementmartin75.wixsite.com/cinemadanimation/post/la-ville-à-témoin . André Martin aurait avec certitude rangé l'affiche du festival d'Annecy 2022 dans la catégorie "affiche invitation" et voici pourquoi. Tout d'abord cette affiche exprime avec bonheur le magnifique écrin dans lequel se tient le festival d'Annecy, cette très belle ville d'Annecy où l'on retourne chaque fois avec bonheur avec son lac où on peut se baigner entre deux séances de films d'animation à condition de faire un petit sacrifice en loupant une séance. Un paysage légèrement "japonisant", le calme et la douceur d'un soir tombant, des baigneurs ... On y est déjà ! :-) Ensuite l'affiche exprime subtilement la magie du cinéma d'animation qui nous attend, ce cinéma "image par image", de tous les possibles où même les bateaux volent ! L'affiche évoque avec poésie, ce "mouvement" qui permet à la communauté mondiale du cinéma d'animation et de ses passionnés de converger vers ce temple du cinéma d'animation qu'est le festival d'Annecy, avec ce frisson que l'on ressent à chaque fois à l'idée de se rencontrer à nouveaux ou de faire de nouvelles rencontres. Enfin on notera une discrète référence à la Suisse voisine, dont la création animée sera mise à l’honneur cette année sur le Festival ! Mais qui est donc Laurent Durieux qui nous a offert ce magnifique cadeau et qui synthétise dans "une seule image" toutes ces émotions et ces messages ? Laurent Durieux est un illustrateur belge, né en Belgique en 1970. Le forum des images, haut lieu du cinéma d'animation parisien avec son annuel Carrefour de l'animation, à l'occasion d'une masterclass nous en apprend un peu plus : " Laurent Durieux puise ses premières inspirations dans Métal hurlant et chez Moebius, grand raconteur d’histoires. Après des études artistiques, il entame une carrière de graphiste. À l’aube des années 2000, la découverte éblouie du travail d’Antonio Petruccelli pour la revue Fortune l’incite à explorer d’autres terrains de jeu. Il commence à dessiner pour le plaisir des affiches rétro-futuristes. En 2011, celle de François à l’Américaine, réalisée dans le cadre d’un hommage collectif à Jacques Tati, attire l’attention de la galerie Mondo. L’éditeur américain, spécialisé dans l’affiche alternative de cinéma, lui passe commande d’une lithographie du Géant de fer, qui sera la première d’une longue série. Depuis, les collectionneurs s’arrachent ses œuvres, saluées par les plus grands cinéastes, comme Spielberg ou Coppola. Ses affiches des Dents de la mer, Apocalypse Now ou la trilogie du Parrain sont emblématiques de l’art de Laurent Durieux, qui allie avec subtilité composition, couleurs, détails et perspectives, pour offrir un point de vue inédit sur le film et ses mystères. Un invité de choix pour Bédérama." voir : https://www.forumdesimages.fr/les-programmes/toutes-les-rencontres/rencontre-avec-laurent-durieux Affiche : http://www.laurentdurieux.com/#item=the-shining-hallway Il fallait donc un graphiste amateur de cinéma qui revisite les affiches de films avec succès pour réussir cette synthèse si complète, sensible et poétique du festival d'Annecy ! Devant une si belle "affiche invitation", si vous voulez passer un séjour de rêve en découvrant une multitude d'œuvres surprenantes, magiques, troublantes, émouvantes dans un cadre somptueux, réservez votre semaine du 13 au 18 juin à Annecy et prenez votre accréditation sur https://www.annecy.org/participer/accreditations pour un tarif doux avant le 28 avril ! A bientôt !
- 115 - Annecy 2025 : Les Bottes de la nuit, le grand chelem !
Les Bottes de la nuit Pierre-Luc Granjon - source image https://www.unifrance.org/film/60326/les-bottes-de-la-nuit Fantastique festival d'Annecy 2025 pour "Les bottes de la nuit" qui a obtenu le prix André Martin pour un court métrage français, le prix du public pour un court métrage pour finalement remporter le cristal du court-métrage ! Le film réalise ainsi un grand chelem aussi rare que prestigieux dans le mode de l'animation ! Remise du cristal du court-métrage à Pierre-Luc Granjon pour " les bottes de la nuit" . A droite Yves Bouveret son producteur. - Photo Clément Martin Remise du Prix André Martin à "Les bottes de la nuit' de Pierre Luc Granjon. Photo Clément Martin Remise du prix du public à "Les Bottes de la nuit" de Pierre-Luc Granjon. Photo Clément Martin Pierre Luc Granjon a pu ainsi battre un record de durée de remerciements sans aucunement exagérer ce qui constitue également une performance remarquable ! Yves Bouveret pour le cristal nous a lui gratifié d'un "ouenderfoul discours in inglish" qui restera dans les annales ! :-) Quel destin pour un film réalisé sur un outil aussi unique que magique inventé par le graveur Alexandre Alexeieff et l'ingénieur Claire Parker il y a 93 ans : l'écran d'épingles. On avait pu découvrir le film au carrefour de l'animation en novembre dernier où avait également eu lieu une passionnante conférence sur l'épopée de l'écran d'épingles que je vous invite à lire également "94 - Le Carrefour du Cinéma d'Animation 2024 a du piquant !" (1). Claire Parker et Alexandre Alexeieff chez eux au 36 avenue Jean Moulin 75014 en 1957. Photo collection Geneviève et André Martin Sur la photo qui suit vous pouvez apréhender le rapport physique avec l'instrument et également la relation intime et passionnée que l'artiste a avec l'écran d'épingles. Le réalisateur Pierre-Luc Granjon crée une image sur "l'épinette" l'écran d'épingles Alexeieff Parker du CNC lors de la rencontre au Forum des Images - Photo Clément Martin Les Bottes de la nuit - Pierre-Luc Granjon - France 2024 12'22'' Réalisation : Pierre-Luc GRANJON Production : Yves BOUVERET (AM STRAM GRAM) Distributeur : Gaëtan TRIGOT (PENTACLE DISTRIBUTION) Scénario : Pierre-Luc GRANJON Musique : Timothée JOLLY Son : Loïck BURKHARDT Montage : Antoine RODET Interprétation : Bernard BOUILLON, Brieuc LAUDET Pierre-Luc Granjon nous propose un film tendre et poétique sur la complicité d'un enfant et d'une curieuse petite bête. Le réalisateur a su dompter cet instrument exigeant pour nous offrir toutes les nuances et les mystères de la "gravure animée". Il en découle une poésie intimiste au clair de lune dont seul l'écran d'épingles bien maîtrisé a le secret, le secret d'un monde où les ombres nous parlent autant que les personnages, un monde où les gobeurs de nuages ne sont pas des monstres. La magie du clair de Lune et de l'amitié sur l'écran d'épingles. source image https://cinejunior.fr/project/les-bottes-de-la-nuit/ Un scénario simple d'une belle rencontre et d'une amitié naissante, une interprétation remarquable de Bernard Bouillon et Brieuc Baudet où les soupirs, les hésitations et les silences sont parfois plus expressifs que les paroles. Le son qui nous plonge juste assez dans un réel familial et amical puis dans une nuit de liberté alors la musique qui nous apporte ces petites touches célestes qui nous immergent dans une douce poésie nocturne. Bravo à toute l'équipe pour ce film d'exception reconnu cette année par des jurys et un public d'exception ! Quel bonheur ! Longue vie aux bottes de la nuit ! PS : Mon cher Yves rendez-vous l'année prochaine pour la fondue "Lucky Lucky" ( iffe you si ouate aïe mine !). La fondue "Lucky Lucky" - Photo Clément Martin #lesbottesdelanuit #pierrelucgranjon #yvesbouveret #amstramgramproductions #annecyfestival #gamcaanimation (1) 94 - Le Carrefour du Cinéma d'Animation 2024 a du piquant ! https://www.gamca.info/post/le-carrefour-de-l-animation-2024-a-du-piquant
- 26 - Mondo Domino : Le retour attendu de la caricature.
Francis Gavelle et Bernard Payen, nous ont régalés à nouveau lundi 22 novembre avec une nouvelle séance de "l'animation dans tous ces états" à la Cinémathèque Française. Photo Clément Martin : Présentation de la séance par Bernard Payen et Francis Gavelle Parmi cette sélection de courts-métrages français, on a eu le plaisir de voir le tourbillonnant Mondo Domino. Mondo Domino Producteur délégué : Suki Montage : Suki Animation : Gabriel Jacquel, Suki Graphiste : Suki Scénaristes : Stéphane Debureau, Suki Montage son : Jean-Philippe Gréau, Suki Auteur de la musique : Jean-Philippe Gréau Interprétation de la musique : Trio DoMiNo Mixage : Jean-Philippe Gréau Image : https://www.facebook.com/triodomino.officiel/photos/pcb.110628717743396/110621914410743/ Une époque sérieuse En générale les sélections traitant de thèmes de sociétés avec la nécessaire gravité convenue sont en très grandes majorité sérieuses. La poésie, l'expérimental et l'humour sont parfois présents mais dans l'ensemble les créateurs, les programmateurs, les jury et le marché ont tendance à privilégier l'austère gravité de notre époque sérieuse. L'humour est certainement le plus rare des ingédients présents dans l'alchimie des réalisations récentes et pourtant, bien mené, il désacralise le sujet, lui donne une liberté pleine de puissance. Ecologie, Consommation, Médias, Violences policières, Guerre. Quelle joie de découvrir ce Mondo Domino ! Le film transpire de bout en bout le plaisir de la caricature de notre société. Suki a voulu que ce film ait un "esprit cartoon" qu'on retrouve dans la désinvolture décalée des attitudes de personnages, dans les grimaces terrorisées hilarantes face aux cataclysmes d'un boléro absurde. Je rassure tous les "aficionados" de notre époque angoissée et rigoriste, ce film est très sérieux, un plaidoyer pour alerter sur la déforestation, la société de consommation, les dérives des médias d'information continue, les violences policières, les dangers de guerre nucléaire. Un film totalement "Collapsique" où on peut "flipper" à souhait ! Quel plaisir pour les amateurs de déclins et de fin du monde ! Un véritable plaisir car le film est hilarant et renoue avec la tradition de l'irrévérence et de la caricature ! On reconnaît aisément la caricature de personnages de pouvoir qui connaissent des sorts plus ou moins heureux. Les symboles de notre existence s'écroulent sous nos yeux dans un enchaînement cataclysmique que je vous laisse découvrir en regardant le film sur Arte ... Images https://www.unifrance.org/film/52370/mondo-domino Manifestations et affrontements dans un enchaînement désastreux. Du décalage pour renforcer l'impression Le principe de la caricature, au-delà du renforcement des traits, est de s'exprimer dans un contexte décalé moins attaquable mais qui amplifie le message . Le moins qu'on puisse dire c'est que l'équipe du film a parfaitement réussi ! D'abord la musique. Le trio Domino nous interprète un "hit" connu de tous revisité par Jean-Philippe Gréau , le boléro de Ravel. Des sifflements joyeux, des basses a capella, ou un vibraphone céleste nous transforment l'œuvre de Ravel pour une osmose jouissive avec le scenario ! Le rythme et le tempo invariables de la musique banalisent les évènements et renforcent le déterminisme de l'écroulement qui nous est présenté. Image https://www.unifrance.org/film/52370/mondo-domino : Le propre de l'esprit de la caricature est aussi de se caricaturer soi-même. Ici le trio Domino en pleine interprétation. La couleur des images dont le "fluo" au mauvais goût guimauve volontaire s'oppose totalement aux évènements. L'animation soignée et "cartoonesque" ainsi que le scénario de joyeuses catastrophes terminent le travail pour nous transporter dans un espace universel où les messages profonds sont brièvement masqués par le plaisir et le rire. Terminées les polémiques, les tristes premiers degrés au profit d'un très bon moment et de ses impressions rémanentes bien plus puissantes que le navrant sérieux. Image : https://www.unifrance.org/film/52370/mondo-domino Joie d'une consommation destructrice de la nature. Un plaidoyer ancien pour un cinéma d'Animation joyeux André Martin, à la veille du premier Festival de film d'animation d'Ottawa en 1976, formulait le vœu suivant : " Je terminerai sur un vœu : que la roue de l'inspiration tourne en 1976 et que disparaissent l'avant-garde ronchonne, le cauchemar concentrationnaire, le dadaïsme triste, les apocalypses résignées, et que l'art des images animées devenu réellement tragique et désopilant, se spécialise dans toutes les formes de triomphes psychologiques : indicible joie de vivre ou forte envie de rire. (source Brochure "Ottawa 76"). Suki l'a entendu ! et on ne peut que l'en remercier. Mesdames et messieurs les artistes et producteurs et diffuseurs, faites nous rire, soyez joyeux, soyez universels vos messages n'en seront que plus forts ! On peut voir le film sur : Voir l'interview de Suki sur le film : https://www.arte.tv/fr/videos/102902-000-A/entretien-avec-suki/ #mondodomino #suki #utopi #artefrance #pictanovo #gamca
- 61 - Annecy 2023 : The Beatles "I'm Only Sleeping" : Vive la Madeleine !
The Beatles "I'm Only Sleeping" Image : https://thekidshouldseethis.com/post/im-only-sleeping-beatles-em-cooper-oil-painting-animation The Beatles "I'm Only Sleeping - Réalisation Em Cooper Grande-Bretagne - 2022 - 3'02" Animation : Em Cooper Production : Jelly London, Sue Loughlin Distribution : Universal Music Operations ltd, Sophie Hilton Producer: Jonathan Clyde, Sophie Hilton C'est impossible à Annecy de tout voir pendant le festival ... Il faut se forcer (un petit peu) après tant de soirées, tant de films pour voir la séance "films de commandes" avec ses 28 courts- métrages le vendredi et après plusieurs jours sans beaucoup de sommeil ... Mais le jeu en vaut la chandelle car vous y découvrez toujours quelques belles perles d'émotions et de rêves. Le film d'Em Cooper illustre la mythique chanson "I'm Only Sleeping" du non moins célèbre album des Beatles sorti en 1966, Revolver. Le film a remporté le prix du jury pour un film de commande au festival International du cinéma d'animation d'Annecy. Il fait partie de ces films remarquables du festival de cette année et voici pourquoi. 2023 06 17 Remise du prix pour du jury pour un film de commande au festival d'Annecy Em Cooper - Photo Clément Martin Marcel Jean à gauche, délégué artistique du festival international du film d'animation d'Annecy, à la différence de l'équipe de Citia n'était pas maquillé en hommage au folklore mexicain (voir personne de droite) mais il nous a fait une belle citation des 3e JICA, première à Annecy, en s'allongeant devant tous les participants de la cérémonie de clôture dans une posture qui rappelle ... un certain André Martin en 1960 ! :-o) Vive la madeleine ! C'est un tel plaisir d'entendre cette chanson qui appartient à l'histoire de la Musique Pop accompagnée d'une illustration animée, fluide et attentionnée comme on manipule respectueusement une relique avec toute la virtuosité que l'on peut offrir pour lui donner une interprétation en images. Chacun, quel que soit sa génération, y trouvera des souvenirs, des sensations passées ... et pour les rares personnes pour qui cette chanson et cette remarquable illustration n'évoque aucun frisson ... je m'engage à prendre les réclamations sur gamca.info et à les publier. Ce n'est pas très courageux car ce travail devrait être des plus légers mais après tout nous traitons ici du sujet de la paresse. :-) Cette chanson de John Lennon, mais signée Lennon/McCartney comme toutes les chansons des Beatles à cette époque, est une ode à la paresse. Ode à la paresse - Image http://www.rfm.fr/news/The-Beatles-Decouvrez-le-clip-de-I-m-Only-Sleeping-realise-a-la-peinture-a-l-huile-27849 Thème typiquement "Lennonien", on le retrouvera en 1969 dans sa manifestation paresseuse pour la paix avec Yoko Ono. John Lennon et Yoko Onno lors de leur manifestation pour la paix en 1969 Image https://www.moma.org/audio/playlist/15/382 Les Beatles nous enveloppent dans cet hymne avec une mélodie unique. Des enregistrements de guitare rejouée à l'envers au mixage grâce au travail de l'ingénieur du son achèvent de nous emmener dans cette douce moiteur dans laquelle on baigne quand on paresse. Une madeleine délicieuse ! Em Cooper a relevé le défi, toujours un peu périlleux, de traduire une composition musicale "iconique" et l'accompagner avec une forme d'Art différente mais qui s'accorde si bien à la musique quand elle est réussie : "le cinéma d'animation". Son film nous emmène dans un tourbillon d'images qui nous balance entre des flashs, références historiques du groupe avec des images d'archives repeintes et des mouvements abstraits fluides pour autant de transitions à l'expression réussie de cette douce paresse. Quelle joie, quelle magie de remonter le temps, de s'immerger au milieu du mythe ! Image d'archive de cette divine époque où le groupe séduite le monde. Image https://www.creativeboom.com/inspiration/im-only-sleeping-em-cooper/ Cette douce moiteur dans laquelle on baigne quand on paresse. Image https://thekidshouldseethis.com/post/im-only-sleeping-beatles-em-cooper-oil-painting-animation Quel travail pour réussir une madeleine ! Il y a là un paradoxe de voir un travail aussi acharné pour s'attaquer à un éloge de la paresse. La technique utilisée est la technique classique du celluloïd mais peintes directement à la peinture à l'huile. C'est ainsi que Em Cooper a réalisé plus de 1300 peintures pour réussir à nous embarquer dans ce flux de peintures animés enlacé avec la musique. Em Cooper nous explique qu'elle aime la peinture, que ce choix technique est loin de relever de l'efficacité mais que finalement c'est une sorte d'éloge de la lenteur qui s'accorde quand même bien avec l'éloge du sommeil :-) Décidément, un tel travail qui nécessite autant de précision que d'implication nous prépare ici une madeleine digne des plus grandes pâtisseries ! Em Cooper au travail - photo https://www.instagram.com/p/Cki1782t7wZ/ On peut voir Em Cooper au travail dans : https://www.youtube.com/watch?v=44Fc23Be0qU Em Cooper nous parle de son film https://www.youtube.com/watch?v=F362nZHoVVg Alors faites-vous plaisir, montez le son et regardez "The Beatles I'm only sleeping" de Em Cooper. Les frissons sont garantis lors de la dégustation de cette magistrale et gourmande madeleine de Proust. Vive la madeleine ! On peut voir le film sur https://www.youtube.com/watch?v=5XwXliCK19Y #emcopper #thebeatlesomonlysleeping #annecyfestival #prixdujurufilmdecommande #gamca
- 62 - Des journées patrimoniales particulières
Collection Geneviève et André Martin - Don de Jean-Michel Boschet - Image du storyboard du film d'animation "Mais où sont les nègres d'antan" 1962 de Michel Boschet et André Martin. Cette année les journées du patrimoine auront pris une saveur toute particulière car Jean-Michel Boschet, le fils de Michel Boschet, m'a envoyé par la poste des documents issus des archives de Michel pour que je les intègre dans les documents que j'ordonne progressivement dans la collection Geneviève et André Martin. Après une petite frayeur à la poste qui ne trouvait pas mon colis, j'ai finalement pu récupérer l'envoi et l'ouvrir avec précaution pour découvrir, entre autre, quelques photos de films de Bretislav Pojar, des caricatures, des coupures de presse et deux gros paquets d'encres et gouaches sur papier Canson. Caricature d'André Martin par Michel Boschet pour le festival de court-métrages de Tours probablement début des années 60. Collection Geneviève et André Martin - Don de Jean-Michel Boschet Ma gourmandise picturale m'a fait commencer par les 70 dessins à l'encre et gouache du Story board de "Où sont les nègres d'antan". Chaque plan est travaillé pour lui donner un cadre. On y retrouve des commentaires d'André Martin sur l'image et ...le son. Collection Geneviève et André Martin - Don de Jean-Michel Boschet - Image du storyboard du film d'animation "Mais où sont les nègres d'antan" 1962 de Michel Boschet et André Martin avec les commentaires écrits. L'ensemble de ce story board est maintenant scanné et rangé en classeur. Son rangement numérique offre lui le plaisir d'en voir la séquence et de pouvoir naviguer dans ce projet avec ces plans refusés et ceux acceptés. Mais quel est donc ce court-métrage ? Classement des archives - photo Clément Martin Mais où sont les nègres d'antan - Réalisation Michel Boschet et André Martin - 1962 16 minutes - France Scénario, commentaire Michel Boschet et André Martin Photo : Julien Pappé, Jacques Maillet Animateurs Henri Lacam, Michel Roudevitch Décorateur René Fouin Traçage Christiane Gandon Musique : Geneviève Martin Voix Bernard Bing Son D.M.S Pierre Miville Montage Suzanne Caveau Producteur : Anatole Dauman Sociétés de production : Argos Films, Service de la recherche de la RTF, Les Films Martin-Boschet Langue : Français Format : 35 mm Le film nous conte les tribulations d'un "ethnographe" parisien qui se rend dans un petit village au fin fond de l'Afrique. Muni de tout l'arsenal du chasseurs d'images et de son, il mesure, filme et enregistre sons, musiques et danses locales. De retour à Paris il fait fortune avec ses enregistrements et devient célèbre. Il devra finalement rendre comptes au village pour l'utilisation de ces musiques qui ne lui appartiennent pas avec pour finir, un retournement de situation aussi drôle que prémonitoire. Le film nous plonge dans cette "vie précieuse" du village avec ces personnages animés à la limite de l'abstraction (pagayeurs de pirogue, joueurs de tambour). Arsenal d'enregistrement d'images et de son - dessin préparatoire - "Mais où sont les nègres d'antan" 1962 de Michel Boschet et André Martin. Collection Geneviève et André Martin - Don de Jean-Michel Boschet - Image du storyboard du film d'animation Arsenal d'enregistrement d'images et de son -Image du film cette fois. On remarque que le cochon tirelire du "sceptre du chef du village a été ajouté - -"Mais où sont les nègres d'antan" 1962 de Michel Boschet et André Martin - source https://www.senscritique.com/film/mais_ou_sont_les_negres_d_antan/460210 Les influences Les deux compères Michel Boschet et André Martin nous régalent une fois de plus avec un film au graphisme séduisant et moderne à une époque où la France peine à sortir de l'époque coloniale. On y retrouve les influences dont Michel Boschet était le pinceau et André Martin la plume dans plusieurs dimensions. La musique André Martin a toujours eu un environnement musical. Son père était violoniste et il était marié à une musicienne, Geneviève Martin qui a composé la musique du film. Ce n'est donc pas un hasard si son deuxième article dans les cahiers du cinéma en mai 1953 a porté sur Serge Prokofiev et la rencontre de la musique avec le cinéma (1). Le bruitage et la musique sont l'objet d'une attention particulière pour nous plonger avec réussite dans l'atmosphère du village. Dès le premier plan, le film nous invite à sonder "l'âme immense de l'Afrique" avec le chant des pagayeurs d'une pirogue, des bruits d'oiseaux et de forêts tropicales. Première page de « Serge Prokofieff La Musique rencontre le cinéma ». (1953 05 Les Cahiers du Cinéma no 23) La musique est également le sujet principal du scénario. Qu'il s'agisse de l'orgue de barbarie que l'on retrouvera dans "Maison Vole" en 1982 (2) ou du sujet du film très lié au travaux qu'AM mène à la l'époque de la conception du film sur lesquelles il fît une conférence en janvier 1961 au cidalc pour l'UNESCO (3). 20 janvier 1961 1ère page du rapport d'André Martin sur le film d'Art dans la préservation et le développement des Arts et traditions populaires musicales. Collection Geneviève et André Martin La vision prospective La vision prospective du monde , toujours présente chez André Martin, le film qui montre une Afrique forte qui s'affirme, Pour illustrer cette vision permanente, lire l'édifiant article d'André Martin qui , en 1965, nous annonce les comportements sociaux d'aujourd'hui en relation avec l'usage des médias instantanés (4) ou écouter la vision prospective d'André Martin sur le cinéma de synthèse et les médias en 1983 (5) La couverture du numéro d'image et son où est publié l'article d'André Martin affiche le graphisme du film. Image collection Geneviève et André Martin - 1965 03 Image et son no 182 couverture Faith et John Hubley On devine l'influence de Faith et John Hubley sur lesquels André Martin a écrit plusieurs articles (6) (7) (8). John Hubley a reçu aux premières Journées Internationales du Cinéma d'Animation se déroulant à Annecy en 1960 - les 2 premières se sont déroulées à Cannes - le grand prix de la critique internationale pour le magnifique "Moonbird". John Hubley était président du jury , il n'était donc pas possible de lui attribuer un des prix distribués par le jury. Le président du jury John Hubley et André Martin, "l'animateur du spectacle de l'animation", au festival d'Annecy en 1960 - photo de André Gobeli - Collection Geneviève et André Martin. On retrouve chez Hubley et Martin-Boschet des techniques graphiques comparables pour les décors ainsi que des silhouettes stylisées à l'encre noir qui deviennent des motifs. Dessin préparatoire de 1959 Seven Lively Arts - John Hubley - Collection Geneviève et André Martin Dessin préparatoire de 1962 Mais où sont les nègres d'antan- Collection Geneviève et André Martin - Don de Jean-Michel Boschet Dessin préparatoire de 1962 Mais où sont les nègres d'antan- Des silhouettes à l'encre noirs deviennent des motifs abstraits animés - Collection Geneviève et André Martin - Don de Jean-Michel Boschet Le burlesque Le goût du burlesque et du calembour notamment avec le titre du film rappelant le vers de François Villon « Mais où sont les neiges d'antan ? » qui conclut son poème la « Ballade des dames du temps jadis ». La passion de Michel Boschet et André Martin pour le burlesque est déjà prégnante dans la deuxième moitié des années quarante où les jeunes bordelais dévorent les films burlesques américains dans les ciné-clubs. André Martin écrira par la suite dans les années 50 plusieurs articles dans les cahiers du cinéma sur les Marx Brothers et les Buster Keaton. André Martin au milieu des années 40 et Michel Boschet (sans moustache ! ) André Martin et René Rios au Bouscat dans une parodie des Marx Brothers. On peut noter quelques touches humoristiques dans le texte ou dans l'animation comme le "sceptre" du chef du village qui est un une tirelire cochon destinée à recevoir le paiement des prestations réalisées par le village pour l'ethnographe. La sociologie L'ethnographie, un sujet central du scénario du film, est une composante des sciences sociales auxquelles André Martin s'intéresse particulièrement. En août 1961 André Martin fait sa première visite au Canada. La rencontre de sociologues québécois comme Fernand Cadieux, la lecture des livres de Marshall McLuhan (9) (10) qui fera partie de ses deux documentaires qu'AM réalisera à l'ONF (11), vont fortement influencer André Martin qui, sans abandonner le cinéma d'animation va progressivement s'intéresser aux médias et aux "communications sociales" jusqu'à prendre la direction du service de la recherche de la Commission de la Télé Radio Diffusion Canadienne en janvier 1970. Le patrimoine et les époques Même pour les archivistes et historiens en herbe "par la force des choses", la sauvegarde du patrimoine cinématographique et audiovisuel, ses rapports à l'histoire, le rôle de ces conservations interpellent en permanence. Faut-il adapter les mots et les images du passé aux canons moraux d'aujourd'hui ? Retravailler, découper, renommer, avertir ... interdire ? Ou au contraire faut-il respecter scrupuleusement les œuvres dans leur jus pour un véritable témoignage historique du passé pour mieux comprendre le présent et le futur ? Je penche singulièrement pour la deuxième option non sans avoir consulté des historiens à ce sujet pour me rassurer. :-) Et oui, vous l'aurez remarqué le titre du film comporte le mot "nègre", ce mot dérivé du latin niger qui veut dire « noir » en tant que couleur. Ce mot était utilisé depuis le XVIe siècle en France. Il est aujourd'hui considéré comme un terme péjoratif et raciste au point que je n'ai pas fait apparaître le titre du film sur l'annonce de cet article sur les réseaux sociaux sous peine de devoir subir des dizaines voire des centaines de "points de Godwin" instantanément ! On a changé le titre du célèbre “Dix petits nègres” d'Agatha Christie en "ils étaient dix" . S'il faut changer le titre d'un film profondément respectueux d'une Afrique gagnante et de sa culture alors on l'appellera "Mais où sont les neiges d'antan". Ce titre de film digne de" l'absurdie pataphysique" sera un clin d'œil fidèle aux réalisateurs... le titre du film conservera même une dimension prospective ! :-) Le film est visionable en permanence au Forum des Images à Paris ... en attendant de le voir en salle ! Une journée patrimoniale peut en cacher une autre : Cerise sur le gâteau Cerise sur le gâteau suite à la parution de cet article, Jean-Baptiste Garnero du CNC a fourni trois animations réalisées à partir de cellulos et dessins du fonds Michel Boschet déposés au CNC par les ayant droits, animations réalisées par Justin Fayand (ENSAD). Merci à Argos Films pour l'aimable autorisation de diffusion. Animation de dessins et cellules originaux de "Mais où sont les nègres d'antant". Matériaux originaux Fonds Michel Boschet déposés au CNC par les ayant droits, animations réalisées par Justin Fayard (ENSAD) ©Argos Films. L'animation en couleur du personnage existe aussi sur fond noir. Remerciements Merci Jean-Michel Boschet pour ce beau cadeau avec ce premier week-end enthousiaste et laborieux. C'est avec une émotion particulière qu'on manipule les préparatifs d'un films conçus il y a 62 ans avec ses anachronismes, ses visions prospectives, ses talents graphiques, ses influences artistiques, ses directives écrites qui soulignent le but recherché du plan. Ce classement numérique et physique nous plonge au cœur de la genèse de ce film avec ces touchants moments où les auteurs que l'on regrette chaque jour sont soudain si vivants. C'est cela aussi le patrimoine ! Merci à Ellen Schafer d'Argos films, de m'avoir permis de revoir le film dans le cadre de la préparation de cet article et pour la permission de diffuser les animations. Merci à Jean-Baptiste Garnero du CNC, toujours attentionné et attentif à la préservation du patrimoine cinématographique, pour la cerise sur le gâteau. Notes : (1) 1953 05 Les Cahiers du Cinéma no 23 Serge Prokofieff La Musique rencontre le cinéma P 24-25 (2) https://www.gamca.info/post/maison-vole-l-envolée-a-40-ans (3)1961 01 20 - UNESCO - Le Film D'art dans la préservation et le développement des arts et traditions populaires musicales - André Martin (4)1965-03 Image et Son no 182 Ou en est le culte de l'image reine ? (5)1983 03 13 "Le cinéma des cinéastes" - émission de Claude Jean Philippe avec André Martin - émission sur le film "Sans soleil" : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/sans-soleil-de-chris-marker-essai-cinematographique-d-un-homme-multimedia-3676987 (6)1962-08 Montréal 3e Festival International du Film de Montréal John Hubley L'intrépide (7) 1965-07 - Cinéma 65 Spécial Animation - John Hubley Un anarchiste de sang royal - p23-33 (8) Il existe une interview de John Hubley par André Martin et une personne non identifiée qui traduit en anglais quand cela est nécessaire qui a été numérisée. (9) La Galaxie Gutenberg : la genèse de l'homme typographique (trad. Jean Paré), Montréal, HMH, 1967. Titre original en anglais The Gutenberg Galaxy: The Making of Typographic Man, University of Toronto Press, 1962. (10) Pour comprendre les médias , Seuil, coll. Points, 1968, 404 p. (titre original : (en) Understanding Media: The Extensions of Man, McGraw-Hill, New-York, 1964.) (11) 1967 La télévision est là - Réalisation André Martin - Production Office National du Film du Canada et 1967 Image que me veux-tu ?- Réalisation André Martin - Production Office National du Film du Canada. #michelboschet #andremartin #maisousontlesnegresdantan #filmsmartinboschet #cnc #argosfilms
- 63 - Linda veut du poulet ou les tribulations "gallinacières".
Image : https://www.gebekafilms.com/fiches-films/linda-veut-du-poulet/ Linda veut du poulet sort sur les écrans le 18 octobre. Ne manquez pas d'aller voir en salle ce long-métrage d'animation avec les jeunes enfants de votre entourage pour passer un très bon moment qui enchantera tous les spectateurs. Linda Veut du poulet France 2023 Scénario et réalisation : Chiara Malta & Sébastien Laudenbach Création des personnages : Sébastien Laudenbach Création des décors : Margaux Duseigneur Musique originale et Chansons : Clément Ducol Texte Chansons : Chiara Malta & Sébastien Laudenbach Interprétation chanson du générique : Juliette Armanet Voix : Mélinée Leclerc, Clotilde Hesme, Laetitia Dosch, Esteban, Patrick Pineau, Claudine Acs, Jean-Marie Fonbonne, Antoine Momey, Scarlett Cholleton, Alenza Dus, Anais Weller, Milan Cerisier, Nahil Mostefa, Pietro Sermonti, Anna Parent. Production déléguée : Marc Irmer, Emmanuel-Alain Raynal, Pierre Baussaron. Coproduction : Flaminio Zadra Distribution : Gebelkafilms Les réalisateurs On connaissait Chiaria Malta pour ces courts-métrages notamment une trilogie consacrée à l’enfance . Chiara Malta mène une carrière très active travaillant sur plusieurs séries pour la télévision et les plateformes. Linda veut du poulet est son premier film d'animation. Extrait da A comme Azur de Chiara Malta sur https://vimeo.com/757998188 : Dans le monde de l'animation on connait surtout Sébastien Laudenbach, réalisateur de "la jeune fille sans mains", Prix André - Martin pour un long métrage français au festival d'Annecy en 2017 ou encore de Vibrato court-métrage pictural et coquin en hommage à ce paquebot lyrique qu'est l'Opéra Garnier. On retrouve dans les films de Sébastien Laudenbach ce style graphique où l'esquisse confère à l'animation et au mouvement une souplesse, une fluidité et une élégance incomparable. On peut voir la bande annonce de la jeune fille sans main sur : https://www.youtube.com/watch?v=guqRCaZCl_Y On peut voir vibrato sur : https://www.youtube.com/watch?v=ECeiECeaHkQ Le film Le film, véritable éloge du vivant s'il en est, repose sur une base tragique car Linda vit avec sa maman sans son père décédé au court d'un repas. Linda a des rapports plus ou moins tendus avec une mère surmenée et débordée. Linda veut du poulet pour déjeuner, ce caprice a une résonance toute particulière pour Linda et sa mère, qui se sent également coupable d'avoir injustement puni sa fille, part acheter les ingrédients nécessaires pour ce repas. Mais voilà on est jour de grève nationale et les fermetures des commerces compliquent fortement les courses nécessaires à ce repas. Rapports tendus entre Linda et sa maman - Image https://www.miyu.fr/production/linda-veut-du-poulet/ Il s'en suit un enchaînement de circonstances et d'évènements qui transforme ces courses et la préparation du repas en tribulations réjouissantes dont l'intensité ne fait que croître au cours du film à tel point qu'à un moment on se demande jusqu'où va aller ce crescendo rebelle qui rappelle, sur un tout autre thème et dans un style différent, le trépidant et désopilant boléro enchaînant les catastrophes de "Mondo domino" de Suki (1) . Cette succession de péripéties qui prend racine dans les origines du burlesque au cinéma s'avère très distrayante et nous change des scénarios "élaborés" abordant avec gravité des sujets sociaux. Ce long-métrage qui a bénéficié de plus de moyens que "la jeune fille sans mains" conserve cette fluidité de l'animation que nous offre Sébastien Laudenbach dans ses films mais avec plus de couleurs, des couleurs vives qui s'accordent à la fraîcheur que dégage les acteurs dans l'interprétation des personnages. Palette de couleurs associés aux personnages - Image dossier de presse Gebekafilms Ce film grand public nous parle de famille, du monde des enfants, d'une cité qui devient village, de refus d'autorité, de solidarité dans un décors contemporain. Le film rappelle parfois des bandes dessinées plus anciennes ce qui lui confère une dimension plus intemporelle. Quand une citée devient village - Image dossier de presse Gebekafilms Le film a connu un triomphe dans la grande salle de Bonlieu au festival d'Annecy et a remporté le prestigieux Cristal du long-métrage d'animation. Le tout donne un ensemble qui dégage une joie de vivre et un éclat qu'on ne peut qu'applaudir. Sébastien Laudenbach sous les applaudissements à l'issue de la projection du film en avant-première - photo Clément Martin Marcel Jean, d élégué artistique du festival international du film d'animation d'Annecy, Emnnauel-Alain Raynal, Chiara Malta, Sébastien Laudenbach et une partie de l'équipe du film lors de la cérémonie de clôture pour la remise du cristal du long-métrage. - Photo Clément Martin Alors à partir du 18 octobre 2023, emmenez vos enfants au cinéma pour voir "Linda veut du poulet". Vous passerez un bon moment avec eux ... mais attention à leurs demandes culinaires surtout s'il y a grève car vous risquez une petite révolution ! On peut voir la bande-annonce sur https://www.youtube.com/watch?v=2B_qFtq5nQc (1) Voir Mondo Domino : Le retour de la caricature https://clementmartin75.wixsite.com/cinemadanimation/post/mondo-domino-le-retour-attendu-de-la-caricature #lindaveutdupoulet #chiaramalta #sebastienlaudenbach #gebekafilms #miyuproductions #dolcevitafilms #annecyfestival #gamca













