114 - Annecy 2025 - Planètes : Universel et singulier
- Clément Martin
- il y a 3 jours
- 4 min de lecture
Nous avons pu assister à l'avant-première du long métrage de Momoko Seto "Planètes" dans la grande salle de Bonlieu au Festival d'Annecy.
"Planètes" est un film remarquable tant il se distingue par sa conception et sa combinaison singulière des arts et des sciences. Voici pourquoi.
Planètes réalisation Momoko Seto - France - Belgique - 2025
Réalisation : Momoko Seto
Production : Emmanuel-Alain Raynal et Pierre Baussaron (MIYU PRODUCTIONS), Emmanuel Chaumet (ECCE FILMS), Cédric Iland(UMEDIA PRODUCTION), Bastien Sirodot (UMEDIA PRODUCTION)
Distributeur : Valérie Yendt (GEBEKA FILMS)
Scénario : Momoko Seto, Alain Layrac
Caméra : Élie Levé
Musique et son : Nicolas Becker, Quentin Siracq
Momoko Seto s'est illustrée dans le domaine de l'animation par ses films en "time-lapse", procédé qui consiste à filmer une scène image par image sur une longue durée. Momoko Seto est réalisatrice plutôt dans le domaine des sciences humaines au CNRS mais curieusement ses films permettent eux de comprendre le développement de la vie, les mouvements d'un monde minuscule dans une approche que n'aurait pas renié les naturalistes du 18e siècle. Pour cela Momoko Seto a recours à un arsenal de compétences et de techniques incomparable que Gamca Animation a eu l'occasion de présenter suite à une conférence au Forum des Images en novembre dernier. Je vous invite à consulter cet article pour mesurer les défis de création que la réalisatrice et ses équipes affrontent pour ces réalisations. Voir en bas de page (1) 95 Planètes : la composition des réels
Pour son premier long-métrage Momoko Seto s'est lancé un défi hors norme : la montrer la vie en faisant se rencontrer la Science et l'Art dans une oeuvre qui réunit tous les publics. Une super production avec 28 acteurs animaux, 48 acteurs végétaux et 4 stars les akènes de pissenlit Dendelion, Baraban, Léonto et Taraxa.
Il a fallu presque 9 ans de travail et 260 jours de tournage dans le monde entier pour créer cette œuvre unique qui combine et compose multe techniques dont la prise de vue réelle (2), le time lapse, la macro, la synthèse d'éléments 3D, la stop-motion.
Les héros de l'aventure
Je ne résiste pas au plaisir de vous présenter nos héros et leur vaisseau spatial sur lequel il sont installés :
Cette planche qui date de 1869, nous rappelle que l'étude du vivant se situe dans une tradition naturaliste d'analyses et d'observations de la vie végétale.
Le scénario
Suite à une catastrophe planétaire qui enflamme la vie, des akènes de pissenlit s'envolent et quittent une terre dévastée à la recherche d'un monde nouveau pour les accueillir. Après un voyage interplanétaire aussi planant que fascinant les akènes abordent une planète où ils partent à la recherche d’un espace pour s’y (im)planter et se reproduire. Nous suivons ainsi les tribulations de nos héros, dans les glaces, les laves en fusion, les désert minéraux, les espaces luxuriants. Ils y côtoient toutes sortes de créatures amicales ou agressives. Trouveront ils cet espace pour se reproduire ou disparaîtront ils face à une nature impitoyable ? Il faut voir le film pour tout savoir.
Le son et la musique
La réalisatrice qui a fait le pari d'un film sans paroles de 75 mn a pris le parti de nous faire entendre ces mondes qu'on entend pas afin de mieux personnifier les "acteurs". Le film acquiert ainsi une dimension tout public recherchée pour un long-métrage dont les tribulations sont pour le moins originales. La science du son de Nicolas Becker et la musique de Quentin Siracq rendent accessible au public ce film improbable que sous-tend la science avec détermination.
Des acteurs hors norme
Momoko Seto a mis tous son savoir-faire et celui de ces équipes pour créer un univers fantastique peuplé de créatures imposantes jouées par des "bestioles" que l’on connaît à une autre échelle. C’est ainsi que limaces, mantes religieuses et autres blobs pour ne citer qu’eux interviennent pour faciliter ou entraver le périple des akènes dans un paysage peuplé de végétaux géants.
Un film universel et singulier
Cet immense travail avec une équipe qui rassemble des compétences rares nous donne un film universel par son propos et singulier par ce monde qu’il nous offre. Nul doute que cette œuvre spectaculaire devrait susciter des vocations chez les jeunes spectateurs épris de nature !
D'aucuns pourraient y voir dans celui-ci un nième scénario apocalyptique qui célèbre la capacité de l'humanité à se détruire dans la morosité nihiliste ambiante. Et bien non ce film est une ode à la vie, à l'optimisme et au combat. Bravo !
(1) 95 Planètes : la composition des réels
(2) Plus justement appelée "Prise de vue continue".
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