116 - Annecy 2025 : La mort n'existe pas
- Clément Martin
- 23 juin
- 4 min de lecture

Felix Dufour-Laperrière est revenu au Festival d'Annecy 2025 pour son troisième long-métrage avec une réflexion politique sur l'action politique violente dans une quête collective et les aspirations individuelles.

La Mort n'existe pas - réalisation Felix Dufour-Laperrière - Canada - France - 2025 -72 mn
Réalisateur : Félix Dufour-Laperrière
Scénario : Félix Dufour-Laperrière
Montage : Félix Dufour-Laperrière
Son : Olivier Calvert, Samuel Gagnon-Thibodeau
Mixage : Hans Laitres
Musique originale : Gabriel Dufour-Laperrière
Production : Embuscade Films, Miyu Productions
Producteurs : Nicolas Dufour-Laperrière, Félix Dufour-
Laperrière, Emmanuel-Alain Raynal, Pierre Baussaron
Distribution France : UFO Distribution
Vendeurs internationaux : Best Friend Forever
Acteurs :
Hélène : Zeneb Blanchet
Manon : Karelle Tremblay
Marc : Mattis Savard-Verhoeven
Vieille dame : Barbara Ulrich
Enfant : Françoise L
Martine : Marie B.
Rémi : Félix Dufour-Laperrière
L'action politique violente
Le Québec et le Canada ont été marqués par la violence politique en octobre 1970 avec l'assassinat du Ministre Pierre Laporte enlevé par une cellule du Front de Libération du Québec. Cet évènement reste en mémoire des québécois car il est au cœur de leur quête d'indépendance qui s'est poursuivie ensuite sans violence ... et sans succès.

En termes politiques on ne voit pas trop d'extrêmes révolutionnaires au Québec, la société étant somme toute assez matérialiste.
C'est donc avec un peu d'étonnement qu'on découvre le discours révolutionnaire résolument anti-bourgeois et la violence qui sous-tend le film. Un discours qui dénonce la confiscation des richesses par une élite capitaliste au détriment du peuple.
L'action violente est-elle justifiée même si elle sert une "cause juste". Les conséquences de la violence sont-elles maîtrisables ? Jusqu'où la cause commune doit-elle sacrifier une quête individuelle du bonheur ? Autant de questions que se pose Hélène sur les chemins de la fuite.

Le chemin tortueux de l'introspection
Hélène se retrouve prostrée face à l'attaque et bat en retraite abandonnant ses compagnons. Il s'en suit une fuite dans une nature luxuriante et sauvage où elle est poursuivie par le remord, ses interrogations, ses aspirations, le poids de la trahison. Le film bascule dans un chemin onirique où Hélène croise son moi intime, les fantômes de sa compagne révolutionnaire Manon et son amour Marc qu'elle a abandonné dans la fusillade. Les circonvolutions et les volutes de ce chemin de la psyché peuvent déconcerter le spectateur qui s'y abandonne et s’y perd parfois.

Nous sommes au cœur du sujet du film, une interrogation contradictoire sur ses idéaux ambitieux de groupe avec ses contraintes, ses sacrifices, ses responsabilités et d'une quête du bonheur individuel aux ambitions plus modestes. Manon ou plutôt son fantôme l'accompagne et lui reproche sa trahison, lui propose de choisir lors d'une deuxième chance entre sa liberté individuelle qui passe par la trahison du groupe ou la cause et la fidélité au groupe. Hélène enfant semble la guider dans sa réflexion comme un pilier rassurant. Ses scènes prennent place dans une nature brute qui symboliquement sépare la somptueuse demeure bourgeoise de la ville et du peuple. Une nature qui devient elle-même menaçante où le prédateur devient proie à son tour.

Des images ciselées
Le film nous offre des décors soignés et des jeux de couleurs vives et florales, des transparences signifiantes, des ors du pouvoir. Les images servent une animation qui nous égare de la réalité pour nous plonger dans ce conte intérieur. Le film a été entièrement dessiné à la main, sur tablette graphique, avec 12 dessins par seconde.

Le son et la musique
C’est le prolifique et expérimenté Olivier Calvert qui avec son équipe a sonorisé le film dans un travail au fil de l’eau à partir d'un montage complet du film avec des scènes terminées et de l'animatique.
Le travail sur la musique a également commencé à ce stade en relation étroite avec l'animation et le son.
Félix Dufour-Laperrière a fait le choix d'un jeu d'acteurs très linéaire avec des voix qui se situent entre la lecture et le jeu pour contribuer à ce sentiment d'introspection dans lequel nous plonge le film.
Le son et la musique avait par conséquent un enjeu fort qui était de mettre beaucoup de dynamique pour apporter une structure sonore avec une palette de sons qui va des silences, des bruits violents de combats en passant par des bruits d'animaux et de ceux de la nature.
Pour le son Olivier Calvert a pu s'appuyer sur 30 ans d'enregistrements dans lesquels il peut judicieusement piocher pour atteindre son objectif. Certains sons ont été enregistrés pour le film, par exemple des sons d'oiseaux. Les voix d'acteurs ont fait eux l'objet d'un enregistrement en studio.
La musique a obtenu une mention spéciale du jury pour une musique originale dans la catégorie longs métrages.

Le choix d'Hélène
Hélène devra choisir entre l'abandon de sa cause, la trahison de ses camarades et sa vie, sa quête du bonheur. Pour avoir la réponse il vous faudra voir le film. Rendez-vous au mois d'octobre pour la sortie du film !

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