Au début des années 40, deux jeunes bordelais André Martin et son frère Pierre se passionnent pour le cinéma. A l'aide d'un projecteur Oehmichen 16 mm, ils projettent des films qu'ils louent en privé pour assouvir leur soif de cinéma.
En 1944, André Martin rencontre Michel Boschet au Lycée Jean-Jacques Rousseau. Tous les deux fous de cinéma et de cinéma d'animation, ils partagent la documentation qu'ils ont accumulée et font des premiers essais d'animation en utilisant des supports de radiographie qu'ils décapent et une caméra 9,5 mm.
En mars 1945, la fédération Française des Ciné-Club est créée. Elle regroupe 80 ciné-clubs et 75 000 adhérents. Cette fédération encadre les projections et crée une publication où on écrit sur le cinéma : Ciné-Club. De nombreuses autres publications traitent de la culture "cinégraphique".
Document collection Geneviève et André Martin : Journal Ciné-Club no 6 Mars 1949.
André Martin et Michel Boschet appartiennent à cette génération qui fréquente assidûment les ciné-clubs où on projette des films du monde entier, courts et longs métrages, qui ne sont pas diffusés dans les circuits commerciaux. Des lieux privés où on parle des films. Ils écument les ciné-clubs et les cinémas. Ils y rencontrent d'autres passionnés comme René Rios, José Piquer, Yves Leménager, Jean Laurent. Ils vivent gaiement leur passion de tous les cinémas.
Photographie collection Geneviève et André Martin : Michel Boschet (sans moustache !), André Martin, René Rios . Bordeaux 1948
André Martin y écrit ses premiers articles dans la presse locale avec des illustrations de René Rios. Il collabore également avec le journal sud-ouest et fait des émissions sur les ondes de radio sud-ouest.
Collection Geneviève et André Martin ; 1er article d’André Martin ? le 27 12 1947
Il travaille également dans la publicité où il écrit des textes illustrés par Michel Boschet.
Ici une publicité pour la lessive Percoq sous forme d’une bande dessinée enfantine "offerte aux enfants de leurs clientes" . Les dessins sont de Michel Boschet.
Document : Collection Geneviève et André Martin. 1948 environ.
Ils réalisent quelques films documentaires et ... quelques films d'animation pour des commerçants locaux dont "Radio clinique" film publicitaire pour un magasin de réparation de postes de radio réalisé par Michel Boschet ; André Martin ; J. Piquer et René Rios, 1’ – 35 mm
Image : http://www.cnc-aff.fr/internet_cnc/Internet/aremplir/docs/animatheque.pdf
Photographie collection Geneviève et André Martin : Michel, Boschet, André Martin,
Geneviève de la Vaissière. Bordeaux 1949
A l'automne 1949, Geneviève de la Vaissière monte à Paris pour poursuivre ses études musicales en harmonie et contrepoint à l'école normale de musique. Elle y est rejointe par son compagnon André Martin début 1950.
Sur la recommandation de Jean Laurent, publiciste bordelais, avec qui André Martin a collaboré à Bordeaux, il rentre chez Publicis comme concepteur. Sans adresse se faisant hébergé ici où là, Il se fait domicilier à l'adresse de la famille de Geneviève de la Vaissière pour les démarches administratives.
Il écrit également des textes pour des livres pour enfants, des scénarios de bandes dessinées illustrées par Michel Boschet pour les éditions Fleurus. André Martin rédige aussi des livrets de devinettes chez ce même éditeur exploitant ainsi son goût des calembours : "Je rêve d'emprunter un passage sous-terrain et de ne pas le rendre."
Photographie collection Geneviève et André Martin : Michel, Boschet, André Martin,
Geneviève de la Vaissière. Bordeaux 1949
A cette époque, il compile systématiquement notes et informations sur ce qui ne s'appelle pas encore le "Cinéma d'Animation".
Image collection Geneviève et André Martin : Notes sur le dessin animé
André Martin et Michel Boschet, continuent à fréquenter assidument la vingtaine de ciné-club parisiens. AM est vite reconnu comme un des orateurs des débats post-projection. Il y défend l'animation considéré comme un sous-produit dans les ciné-clubs . C’est lors de ces séances que MB et AM font la connaissance d'un autre passionné du cinéma, Pierre Barbin, qui anime le ciné-club de Versailles depuis 1945; Il reconnait en AM le présentateur idéal pour animer les séances de ciné-club du mardi dans l'un des cinémas de Charles Edeline.
En 1950 se forme la Fédération Centrale des Ciné-Clubs qui née d'une scission avec la FFCC. Le premier président est Abel Gance et le président d'honneur Jean Cocteau. Pierre Barbin actif dans cette création, en est le premier secrétaire. Michel Boschet et André Martin adhèrent à cette nouvelle fédération.
La suite au prochaine épisode, La genèse d'Annecy 2 : des journées pour le cinéma !
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